Quelques moyens pour ratisser au-delà de son cercle électoral

Campagne

Comment réussir à ratisser au-delà de son cercle électoral est la question que toute personne candidate à une élection se pose. Ce n’est pas une surprise, la clef d’une élection à la proportionnelle réside dans la faculté de la candidate ou du candidat à récolter des suffrages au-delà de son propre cercle électoral habituel.

Pourtant, les campagnes préparées par les partis touchent avant tout des militant·e·s ou des électrices et électeurs déjà engagés politiquement, deux groupes d’ailleurs peu susceptibles de s’abstenir ou de ne pas voter compact. Quels outils et quelles stratégies s’offrent donc à la personne candidate qui souhaite faire la différence ? Avec la marge de manœuvre relativement réduite des principaux intéressés (la gestion de la campagne se faisant principalement par l’état-major du parti), il est néanmoins possible de verrouiller les votes de sa base, de mobiliser ses sympathisant·e·s et de toucher les abstentionnistes et les indécis·e·s. C’est ainsi que le cercle vicieux de l’abstention peut être rompu et les suffrages modifiés augmentés.

Les partis ne parviendront à contacter et à mobiliser un nombre croissant d’électrices et électeurs que s’ils attirent au préalable un nombre croissant de volontaires. Pourtant, on connaît la difficulté à les mobiliser. Cette distinction stricte entre militantes et militants actifs (aujourd’hui de moins en moins nombreux) et le reste des électrices et électeurs, parfois passionnés mais passifs, doit être assouplie par la candidate ou le candidat lui-même. C’est à eux d’ouvrir plus largement les possibilités de s’engager en créant une nouvelle dynamique de campagne.

Il y a plusieurs moyens de mettre cette stratégie en œuvre : tour d’horizon.

La mobilisation par le terrain
Cette mobilisation consiste à réorganiser et repenser ses actions militantes de terrain. Les techniques de campagne sont rarement comparées en fonction de leur efficacité relative et la personne candidate passe la majorité de son temps sur des actions classiques de distribution de tracts ou de goodies sur un stand. Pourtant, il est quasi certain que ce n’est pas en passant ces samedis sur les stands que la différence pourra être faite ; qui se rappelle du nom de celle ou celui qui lui a distribué un tract, par exemple ? L’idée est donc de gérer plus intelligemment le temps à disposition de la candidate ou du candidat en lui proposant des alternatives qui font réellement la différence (porte-à-porte, soirée à son domicile, etc.)

La mobilisation par le ciblage
Le programme du parti reste un message unique et ne va souvent pas chercher plus loin. C’est à la personne candidate  de faire la différence et la mobilisation par le ciblage permet d’y parvenir.
L’âge, le niveau d’éducation, l’activité et le niveau de revenus sont les caractéristiques socio-démographiques individuelles qui expliquent le mieux les écarts de participation entre différents profils d’électeurs. Plus une personne est âgée, plus la probabilité qu’elle vote est forte: l’écart de participation entre les électrices et électeurs âgés de 18 à 24 ans et celles et  ceux âgés de 60 à 84 ans est en moyenne de 20 à 30 points.

Taux de participation aux votations, selon le groupe d’âges, à Genève,  en 2019.

Statistiques cantonales – République et canton de Genève

On constate d’ailleurs des écarts d’amplitude similaires entre les plus hauts et les plus bas revenus, tout comme la participation est plus faible chez les personnes inactives, celles au chômage, celles peu diplômées, etc. Les études menées dans nos pays occidentaux confirment toutes l’influence déterminante de ces variables sur la participation à une élection. Il n’est donc pas inutile de cibler différemment le public-cible des plus de 60ans et la tranche d’âge 18-24 ans en connaissant ces chiffres. Il en va de même des autres variables à prendre en compte : pyramide des âges, population résidente selon le sexe et le groupe d’âge, état matrimonial, solde migratoire, revenu et fortune des ménages, logements, etc. L’idée étant de cibler son message en utilisant le plus petit dénominateur commun et de le vulgariser.

La mobilisation par le discours
La mobilisation par le discours consiste à porter des thématiques de campagne qui suscitent un fort enthousiasme des électrices et électeurs de son propre camp et augmentent ainsi leur taux de participation. A titre d’exemple, il s’agira de meetings ou de réunions publiques où la personne candidate prendra le temps d’aller parler de son programme à ses soutiens. Avec des éléments de langages savamment préparés et des phrases choc, l’idée est de marteler un message afin de faire entrer une idée dans l’imaginaire collectif.

La mobilisation digitale
En Suisse, la politique reste une affaire de militant·e·s, moins de sympathisant·e·s. Pourtant, nombreux sont les électeurs et électrices à vouloir s’engager pour une cause ou une thématique précise. Mais les choix qui s’offrent à euxsont trop souvent maigres ou inexistants durant une campagne électorale. La personne candidate doit pouvoir leur offrir une possibilité de s’engager ne dépendant pas de leur affiliation politique (encartage au parti) mais en fonction de thématiques et de choix sociétaux. Cette distinction stricte entre militant·e·s actif·ve·s et le reste des électrices et électeurs doit être cassée par la personne candidate en ouvrant plus largement les possibilités de s’engager. Celles-ci peuvent être scindées en fonction du temps à disposition, des thématiques ou de la manière d’agir (envoi de textos, distribution de tracts dans son immeuble, soirée à son domicile, partage d’infographie, etc.).

Pour y parvenir, il peut être utile de rajouter trois axes à son site web (le recrutement, l’information, la mobilisation) en créant un véritable univers digital avec, en plus du site web, une présence sur les réseaux sociaux et la mise en place d’une newsletter. Le recrutement se fera via la diffusion ciblée de messages, sur des invitations à s’enregistrer en ligne, sur la mobilisation différentielle (mailing ciblé sur une thématique, etc.). L’information viendra avec des outils permettant une circulation à la fois rapide et ciblée de messages pour permettre aux soutiens de renforcer leur sentiment d’appartenance à un cercle restreint, puis de pouvoir les diffuser efficacement. Et enfin la mobilisation, partie utile afin que les militant·e·sdisposent d’un panel d’outils leur permettant d’investir le temps qu’elles ou ils pourront consacrer à la campagne de la manière la plus efficace possible et ciblée en fonction, par exemple, du temps à disposition :

  • « J’ai pas de temps, je fais un don »;
  • « J’ai 20minutes, je partage des publications »;
  • « J’ai 1heure, je rédige un courrier des lecteurs… »;
  • « J’ai 2heures, je mobilise mon entourage par téléphone », etc.

L’organisation doit permettre de canaliser le plus efficacement possible l’énergie et la volonté des militant·e·s tout en prenant en compte leurs impératifs de temps, d’envies ou de compétences. La suite, dans un prochain épisode.


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